LE CIMETIERE

    La transcription de ce texte est conforme à l'original . Certaines parties sont illisibles , mais la compréhension du texte reste correcte .

NOTICE

sur le

CIMETIÈRE DE VESLY

par

M. Dupray-Beuzeville

(Louis -Pierre-Désiré)

Commandeur du Mérite Agricole

Conseiller d'Arrondissement

Maire de Vesly

     Le cimetière de Vesly date de fort longtemps, au moins du temps de la primitive église dont on a retrouvé des vestiges datant du VIII° siècle . Cette primitive église fut refaite en partie au XII° siècle et la nef du bas de l'église date de cette époque ; la tour se trouvait à l'extrémité sud-est . Le beau chœur actuel est du XV° siècle ; il a été bâti sur le cimetière et soudé avec l'ancienne église par un habile architecte qui a su mêler adroitement autant qu'il était possible les deux monuments ( D'après un architecte diocésain M. Béranger) .

     Les bas côtés de l'ancienne église qui avaient surtout conservé des vestiges de l'église primitive ont été reconstruits entièrement : celui du midi en 1866 et celui du nord vers 1884 . Le portail est du XVII° siècle : il a été ajouté à l'église et est un don de la famille, alors riche et puissante de Lepoupet d'Anneville, dont plusieurs descendants vivent encore aujourd'hui . Le tombeau des donateurs avec inscription gothique se trouve dans le portail .

     L'achèvement et la restauration complète de l'église a eu lieu sous mon administration. Monsieur Debout, alors curé de Vesly, a contribué plus qu'aucun autre à la transformation et à la belle appropriation de l' intérieur du monument qu'il a complété et achevé .

    Avant la Révolution, nos grands pères avaient vu dans le cimetière de Vesly quelques tombeaux forts anciens, datant du moyen âge au moins, car dans les siècles suivants, le clergé, les seigneurs, les riches roturiers, se faisaient, en payant, enterrer dans les églises la plupart du temps sous leur banc . Une loi vint supprimer ces abus . Il fut défendu d'enterrer dans les églises . A la Révolution, sous prétexte d'égalité, on renversa les tombeaux et on nivela le terrain des cimetières, mais à l'intérieur de ce terrain à quelques pieds de profondeur, on a retrouvé et extrait pendant longtemps des cercueils en tuf naturel ou fabriqué . Surtout sous la massive et très ancienne base de la vieille croix qu'existait avant celle-ci posée en 1874, il y en avait une quantité d'entiers ou de débris . Ils ont été replacés dans un trou profond sous la maçonnerie de la nouvelle croix . Le cimetière de la Chapelle en contient également que j'ai vus, ainsi qu'une statue en pierre de la Vierge et on y enterrait avant 1790 les personnes qui le demandaient .

    Le cimetière de Vesly dans un temps très éloigné était mal clos et mal défini . Il s'étendait un peu par-ci, par-là ; ainsi un nommé Damoville habitant les maisons qui se trouvent au sud-ouest du cimetière a trouvé, il y a 85 ans dans son jardin derrière sa maison, à un mètre de profondeur plusieurs cercueils en tuf et quantité de débris humains.... Le chemin qui longe le cimetière, à l'ouest n'existait pas sans doute, ou bien encore au temps du protestantisme qui paraît-il, avait pris beaucoup de proselytes dans le pays, les dissidents étaient peut être enterrés à part, en dehors du cimetière (illisible).

      (illisible) encore, c'est qu'il y a environ 90 ans, en ouvrant les fondations de la buanderie Flambard (illisible), le chemin, le jardin et le pré de Vaubourg on trouva un trou creusé profondément jadis et rempli de plus de 100 crânes et quantité d'ossements humains . Ces débris provenaient, disait-on de quelque combat, mais je serais plutôt disposé à croire qu'une certaine partie du cimetière fut supprimée jadis et qu'on avait recueilli les débris humains pour les déposer dans une fosse commune en dehors du terrain béni.

      En 1840 mon père étant Maire de Vesly fit ouvrir dans la pièce dite «Le Moitier » du côté du midi du cimetière le petit chemin qui existe aujourd'hui . On y recueillit également quantité de débris humains .

     D'ailleurs on enterrait un peu partout dans un certain temps : autour des Chapelles, à la Cour, à l'Epessse, à la Croix de Bricquebost, à St-Germain, mais surtout au village de la Maladrerie ( aujourd'hui Berthauderie) . Il y avait eu là jadis un refuge pour lépreux, et longtemps après un refuge pour les maladies contagieuses . Ce qui a donné le nom au village ; (Nom qui est conservé dans les archives de la Commune) . J'y ai encore vu les décombres de l'ancienne chapelle et la statue de Saint Aubin s'y trouve encore quoique décapitée . Cette chapelle et ce saint étaient en grande vénération chez nos ancêtres, et encore il y a 60 ans les habitants de ce village fêtaient la St Aubin .

    On enterrait non seulement les décédés du (illisible) mais aussi presque tous les habitants des villages voisins dans ce cimetière, qui aujourd'hui est à peu près disparu . Cependant à ma connaissance une quantité d'ossements ont été mis à nu du côté du chemin par les pluies et la pioche et portés dans le cimetière communal . Jadis le chemin faisait un coude et traversait les cours et le village où habitait une famille Cauchard et deux autres familles . Le chemin actuel a été tout entier pris dans le cimetière St Aubin . Un grand tombeau a été arraché du sol et le cercueil en pierre de grande dimension, fait aujourd'hui le seuil de la maison d'un propriétaire de la commune .

    Dans ma tendre jeunesse, le cimetière communal actuel faisait la pointe et couvrait presque entièrement la petite place de l'église qu'on nomme le Butte . On a coupé cet angle en 1850 et fait l'entrée comme elle est actuellement .

    Cependant en 1890 je l'ai fait restaurer, j'ai fait niveler et dresser la place et poser les marches en granit des deux barrières .

    Des pommiers, 15 environ, couvraient le cimetière du côté du portail où ils avaient été plantés vers 1820 . M. le curé Clément et la municipalité les firent abattre en 1856 ; on nivela le cimetière et on planta les sapins .

    Deux grands ifs en vétusté, ont été abattus récemment . Avant 1850 il n' y avait pas d'allées, mais des sentiers seulement, on ne perdait pas un pouce de terrain : on enterrait même contre les fondations de l'église . Il y avait alors 1500 habitants à Vesly .

    Il y a 50 ans, on ne voyait dans le cimetière que deux pauvres tombeaux, même pas de croix en bois . Les mœurs et les usages ont bien changé sous ce rapport . C'est pour cela que dès 1864 et 1865 le Conseil municipal d'alors prit plusieurs délibérations et arrêtés pour régler les emprises de terrain et le prix des concessions .

    Ce sont ces délibérations et arrêtés que nous avons modifiés en 1898 et pris un arrêté qui tout en faisant la police du cimetière fait force de loi en matières de concessions .

Vesly, le ...  Janvier 1913

J'ai cru devoir faire part de mes souvenirs à mes Concitoyens plus jeunes.

Imprimerie Veuve GARLAN, Coutances .